La journée d’études a pour but d’entamer une réflexion sur les aspects institutionnels de la pratique de l’histoire de la philosophie, en France, entre le XIXe et le XXe siècle, dans le cas particulier de la philosophie de la Renaissance. L’apparition de l’enseignement de l’histoire de la philosophie de la Renaissance dans un cadre constitutionnel est un épisode à première vue périphérique dans le contexte universitaire français du XIXe siècle. Elle se produit loin du centre parisien du savoir, à Strasbourg (1841-1842), à l’initiative d’un émigré italien, Giuseppe Ferrari, qui exprimait là une position tout à fait marginale dans le scénario intellectuel alors dominé par le cousinisme.
En effet, les cours de Victor Cousin à la Sorbonne ne reconnaissaient à la Renaissance ni consistance philosophique, ni spécificité de contenu, et présentaient la pensée des XVe et XVIe siècles comme une phase de transition confuse entre la scolastique et Descartes, caractérisée par la répétition aveugle de l’antiquité et une absence chronique de méthode.
Toutefois, les leçons de Ferrari sur la philosophie de la Renaissance - qui furent d’ailleurs suspendues sous le chef d’accusation d’athéisme - s’inscrivaient dans un mouvement de redécouverte savante pour lequel l’enseignement de Jules Michelet au Collège de France pouvait représenter un ancrage académique. La Renaissance pourrait alors devenir un objet historiographique dissident, à l’égard du pouvoir intellectuel et politique du libéralisme de l’école cousinienne, ainsi que des courants catholiques. On se demandera dans quelle mesure cette genèse a contribué à définir le cadre conceptuel et polémique des reconstructions ou des "refoulements" historiographiques de la culture philosophique de la Renaissance sur la longue durée.
On centrera l’attention sur une relecture politique de la pratique de l’histoire de la philosophie au sein de l’institution philosophique Française.
9h : Accueil des participants.
Présidence : Philippe Büttgen (Paris 1 - Isjps)
9h30-10h : Gregorio Piaia (Università di Padova)
« Deux portraits de la Renaissance en compétition : l’Encyclopédie nouvelle (1836-1843) et le Dictionnaire des sciences philosophiques (1844-1852) ».
10h00-10h15 : Discussion
10h15-10h45 : Catherine König-Pralong (Albert-Ludwigs-Universität Freiburg)
« La renaissance dans l’histoire. Modèles cousinien, humboldtien et positiviste »
10h45-11h : Discussion
11h00-11h30 : Pause-café
11h30-12h00 : Jacques Billard (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
« La résurgence de l’humanisme dans l’institution philosophique de Victor Cousin »
12h00-12h15 : Discussion
12h15-12h45 : Mario Meliadò (Universität Siegen)
« Le cas Vanini et l’historiographie sur la Renaissance à l’école de Victor Cousin »
12h45-13h00 : Discussion avec la participation des doctorants : Shingo Akimoto
(Paris 1 - Isjps), Arthur Huiban (Paris 1 - Université de Genève)
13h00-15h00 : Déjeuner
15h00-15h30 : Dominique Couzinet (Paris 1 - Isjps)
« Charles Waddington : de la thèse sur Ramus aux discours sur la philosophie de la Renaissance »
15h30-15h45 : Discussion
15h45-16h15 : Guido Giglioni (Università di Macerata)
« Glisson-Leibniz-Maine de Biran : The force of life and its trajectory in Cousin’s Histoire de la philosophie »
16h15-16h30 : Discussion
16h30-17h00 : Pause-café
17h00-17h30 : Rocco Rubini (The University of Chicago)
« “La sorte di Vico sia un avvertimento per ogni italiano” : The Italo-French Modernity of Ferrari and Michelet »
17h30-18h00 : Discussion avec la participation des doctorants : Shingo Akimoto (Paris 1 - Isjps), Arthur Huiban (Paris 1 - Université de Genève)
18h00-19h00 : Visite de l’exposition tirée du fonds Cousin à la BIS par Luc Courtaux (BIS), Dominique Couzinet (Paris 1 - ISJPS) et Mario Meliadò (Universität Siegen)