Principalement constituée d’ouvrages publiés aux XVIIe et XVIIIe siècles, la collection d’imprimés anciens a un caractère universitaire très prononcé : son noyau d’origine provient d’établissements d’enseignement ; les dons qui sont venus l’enrichir émanent pour la plupart d’anciens professeurs, public érudit en fonction duquel ont été effectuées les acquisitions de l’établissement ; la qualité des textes, la notion d’édition de référence, la volonté de couvrir des champs documentaires privilégiés, plus largement le principe d’utilité, l’ont emporté sur les considérations bibliophiliques. L’apport des saisies révolutionnaires, certains dons sortant de l’ordinaire, l’attention prêtée aujourd’hui à des particularités d’exemplaire jadis négligées ont toutefois fait pénétrer la « bibliophilie » dans une bibliothèque peu sensible à ce critère et a priori étrangère au luxe. Parmi les pièces les plus rares, on citera l’édition originale du Traité de l’amour de Dieu de saint François de Sales (Lyon, Pierre Rigaud, 1616), l’édition clandestine des Colloques d’Erasme (Louvain, Germanus Fiscus, 1532), la grande carte d’Europe de Zuan Domenico Zorzi (Venise, Matteo Pagano, 1545) et la carte de Flandres publiée par Giovanni Vavassore (Venise, 1556) dont la bibliothèque conserve les seuls exemplaires connus, l’exemplaire de l’édition originale du Discours de la méthode (Leyde, Johannes Maire , 1637) présentant des corrections manuscrites suggérées par l’auteur au Père Marin Mersenne ou encore le « petit Béhourt » (Rouen, Guillaume de La Haye, 1620) ayant appartenu au Grand Condé.
Ce qui relève du fruit du hasard pour le fonds de la Sorbonne est au contraire le résultat d’une recherche systématique dans le fonds Victor-Cousin. Afin d’enrichir une bibliothèque qu’il considérait comme « son œuvre la moins imparfaite », le philosophe a acheté ou fait acheter dans toutes les grandes ventes de l’époque, en France ou à l’étranger. Dans ses deux domaines de prédilection qu’étaient la philosophie et la littérature de l’Antiquité classique au XVIIIe siècle, il a sélectionné les éditions rares et recherchées, les exemplaires tirés sur des papiers de qualité, couverts de reliures précieuses ou comportant des marques de provenance illustres, tout en portant une attention, nouvelle pour l’époque, aux éditions originales jusqu’alors dédaignées par les collectionneurs. Le fonds compte, par exemple, la première édition de chacune des pièces de Corneille. Recherchant et respectant les reliures anciennes quand elles étaient précieuses, il a, en outre, fait relier de neuf des pièces de conditions plus modestes par les plus grands relieurs de son époque, faisant notamment travailler Jean-Edouard Niedrée, Hippolyte Duru ou encore l’atelier Trautz-Bauzonnet. La quatrième édition du Génie du Christianisme (Lyon, Ballanche, 1804), abondamment corrigée de la main de l’auteur qui préparait l’édition suivante ou les Œuvres de Virgile (Paris, Imprimerie royale, 1641), offertes par Mazarin à Christine de Suède, reliées aux armes de la reine témoignent parmi nombre d’autres pièces du caractère exceptionnel de ce fonds.
Catalogues des collections patrimoniales : les collections de la Réserve
Catalogues des collections patrimoniales : le fonds Victor-Cousin